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L'emploi dans le secteur culturel en France

Les métiers de la culture font rêver ! Travailler dans un musée, une bibliothèque, une salle de spectacle. Créer, imaginer, construire, sauvegarder, exposer... Autant d'actions qui cachent un secteur économique dynamique. En 2018, 692 900 personnes travaillaient dans le secteur culturel, soit près de 3% de la population active. La culture, avant la crise sanitaire, rapportait près de 50 milliards d'euros de valeur ajoutée.

Et pourtant, si travailler dans le secteur culturel fait rêver, accéder au job de rêve peut être difficile. Et cela sans parler de stabilité de l'emploi ni de salaire décent.


Alors, chez Mon cher Watson, on a été ravies de rencontrer Alix Martet et Chloé Liénard. Deux jeunes entrepreneures qui ont monté leur entreprise, Omnia Culture, autour de l'emploi dans le secteur culturel. Elles sont parties d'un constat simple : trouver un premier emploi dans le secteur culturel est souvent un parcours semé d'embûches et de découragements. Depuis quelques mois, elles mettent leurs compétences et leurs expériences au profit des recruteurs du secteur mais aussi auprès des chercheurs.ses d'emploi ou des étudiants en formation.


Alors, en 2021, quels secteurs de la culture recrutent ?


- Bonjour à toutes les deux, pouvez-vous nous présenter votre parcours professionnel et votre métier d’aujourd’hui ?


Portrait Alix Martret

Alix : J'ai commencé mes études par un master d’anglais suivi par un second master en management des entreprises culturelles à la Burgundy School of Business. Après mes études, j'ai rencontré de grosses difficultés à trouver un premier emploi malgré plusieurs expériences professionnelles dans la médiation, la communication et l’évènementiel. J'ai ensuite enchaîné sur différentes expériences, dans différents domaines du secteur culturel, avec différents type de postes et de statuts : 3 ans en temps qu'auto-entrepreneur à travailler dans la communication et l'administration de la musique classique, deux ans dans l’accompagnement à la création d’entreprise sous contrat salarié et enfin deux ans d’expérience bénévole dans l’aide à l’insertion professionnelle dans la culture pour les jeunes.

C'est grâce à ces expériences que j'ai eu l'idée de créer d’entreprise pour répondre à la demande d'insertion professionnelle des jeunes diplômés des filières culturelles.


Portrait Chloé Liénard

Chloé : J’ai commencé par la fac avec un parcours très généraliste en “lettres modernes appliquées” à Paris-IV Sorbonne. A ce moment-là, je voulais travailler dans la culture mais mon projet était encore très flou.

J’ai traîné mon projet professionnel “flou” jusqu’en Master où tout a été plus concret grâce aux projets étudiants, expériences de bénévolat, stages et alternance. J’ai fait un master “communication et marketing” en alternance au sein d’une école privée sans rapport avec la culture. Je suis arrivée en communication un peu par hasard parce que j’étais créative et que j’aimais écrire. Par chance ce métier me convenait très bien. Et pour moi c’était un bon moyen d’intégrer le secteur culturel !


J’ai été confrontée à la difficulté de la recherche d’emploi malgré un beau parcours dans la communication culturelle et une alternance à la collection d’art de la Société Générale. J’ai eu la chance de trouver mon 1er emploi en moins de 3 mois. Malheureusement, j’ai changé trois fois d’employeurs en 2 mois pour cause d'employeurs abusifs ou tout simplement parce que les missions confiées ne correspondaient pas à ce qu’on m’avait promis en entretien.


La difficulté pour moi de trouver ma voie et les problèmes de recrutements et gestion de ressources humaines dans la culture auxquels j'ai été confronté dans le début de ma vie professionnelle, m’ont donné l'envie de créer Omnia !



- Justement, vous avez créé Omnia Culture en début d’année 2021. Pouvez-vous nous raconter votre projet ?


Alix : Omnia Culture, c'est tout d'abord un tout nouveau cabinet de recrutement et d'accompagnement à l’insertion professionnelle, spécialisé dans les secteurs de la culture, des médias et de la communication. En créant ce cabinet, notre objectif était de créer des synergies entre candidats, formations de l’enseignement supérieur et entreprises culturelles pour favoriser l’insertion des jeunes dans le secteur.


Nous avons 3 pôles d’intervention :

  • Recrutement pour aider les entreprises à identifier, recruter et fidéliser les meilleurs profils en fonction de leurs besoins, notamment sur les filières en tension : administration, digital et fonctions commerciales

  • Accompagnement à l’insertion professionnelle des jeunes via une plateforme de e-learning unique proposant plusieurs services : ateliers 100% online, job board, mentorat, conférences de professionnels, coaching…

  • Préparation des étudiants à leur entrée sur le marché de l'emploi culturel grâce à des formations et interventions dans les universités et écoles de l'enseignement supérieur


Chloé : Pour arriver à cet ensemble cohérent, nous avons travaillé un an en sous-marin sur le projet, depuis février 2020. C’était un énorme travail de fond en parallèle de nos postes à temps plein ! Mais cela nous paraissait essentiel de bien étudier le marché du travail culturel sous toutes ses coutures sans nous contenter de nos expériences personnelles ou des idées reçues que l'on peut avoir en temps que professionnels de la culture. Nous avons donc passé de longs mois à interroger les anciens étudiants, les jeunes diplômés en recherche d'un premier poste, mais aussi les recruteurs, les RH, les professionnels des différents secteurs de la culture afin d'avoir une vision la plus large et la plus complète possible de l'emploi et des métiers. C'est ces conclusions concrètes qui nous permettent d'accompagner au mieux nos jeunes depuis plus de 6 mois.


Omnia Culture participe au concours organisé par le moovjee jusqu'au 21 juillet. Un simple like sous leur vidéo YouTube peut les aider à passer à l'étape supérieure !



- Travailler autour de l’emploi, dans le secteur culturel, en France, en pleine crise sanitaire et économique, c’est une drôle d’idée. Comment se porte le secteur d’après votre vision du terrain ?


Et bien, contrairement à ce que l'on pourrait penser, avec la crise, les entreprises culturelles ont encore plus besoin de profils administratifs, commerciaux ou numériques pour s’adapter aux mutations profondes du secteur en matière de modèle économique, de transformation digitale ou de gestion. Ce sont des profils qui manquent cruellement car ce sont des métiers nouveaux ou pas forcément très attractifs au premier abord. Et pourtant, de nombreuses opportunités s'offrent aux jeunes diplômés (et pas uniquement !) qui peuvent acquérir des compétences très pointues.


Nous avons aussi constaté un manque d'accompagnement des candidats par leurs formations, notamment à l’université. Ils ont grand besoin d’aide pour trouver un stage, une alternance ou un emploi dans un secteur toujours marqué par un très fort déséquilibre entre l’offre et la demande. Certains recrutements reçoivent des centaines de candidatures, où il est difficile de faire un choix et de différencier les profils, alors que d'autres ont du mal à être attractif, tout du moins sur le papier !

Le recrutement dans le secteur culturel est également très impacté par le réseau professionnel. Or, un réseau se construit au fil des années, des rencontres et des expériences professionnelles. Un désavantage parfois difficile à surmonter lorsque l'on sort de formation.


Travailler dans la culture

- Quels tips pouvez-vous donner aux chercheur.euse.s d’emploi en ce moment ?


Le premier conseil, et probablement le plus important, est de bien travailler leur projet professionnel pour savoir comment se positionner sur le marché de l’emploi culturel. Il ne faut pas dire "je vise très large, je ne me ferme aucune porte", mais bien savoir argumenter sa recherche et ses candidatures en fonction de son parcours, ses expériences et ses compétences. Il s'agit de montrer la cohérence de son parcours.

Il faut également mettre en avant leurs compétences et qualités et apprendre à valoriser l’ensemble des leurs expériences professionnelles, même bénévoles ! Chaque candidat est un être humain complet.


Enfin, troisième conseil que nous pouvons donner aux jeunes c'est de développer leur réseau à tous les niveaux. Par exemple en allant à la rencontre de professionnels en échangeant sur les réseaux sociaux ou encore en allant sur les salons professionnels, ou encore en faisant des enquêtes métiers pour mieux comprendre les besoins, objectifs et contraintes de chaque secteur de la culture.



- Vous avez créé de nombreux partenariats avec des structures diverses. Pouvez-vous nous en parler ?


Difficile de faire notre métier correctement sans élargir notre propre réseau pour pouvoir répondre aux besoins des recruteurs, des formations ou des jeunes accompagnés !


Logo Mission Locale

Dans le but de diversifier les profils candidats, nous avons monté un partenariat 2021 avec la Mission Locale de Paris pour sensibiliser les jeunes de niveau CAP/BEP à Bac+2 aux filières métiers de l’emploi culturel : surveillance, sécurité, fonctions techniques, informatique... Les entreprises culturelles offrent de nombreux débouchés pour ces profils, notamment du côté du secteur public.


Logo Onisep

Nous avons également un tout nouveau partenariat avec l’ONISEP pour présenter aux lycéens les opportunités d’emploi dans la culture et les formations possibles pour y accéder. Il nous paraît essentiel de promouvoir les métiers de la culture, dans toute leur diversité, avant même l'orientation post-bac. Choisir son cursus universitaire n'est pas simple, il faut partir avec les bonnes clés en main.


Enfin nous intervenons très régulièrement sur la thématique du réseau professionnel auprès de différentes structures de l’aide à l’insertion professionnelle comme l’APEC ou COJOB. Tout le monde ne naît pas avec un réseau professionnel, il se créée, se travaille se développe. Et tout ça, cela s'apprend.



- “Travailler dans le secteur culturel”, c’est très vaste. Les métiers de la culture sont assez peu connus. Pourquoi ?


Effectivement, la culture est un univers qui fait rêvé et pourtant... C'est un secteur très opaque car dominé par des filières métiers qui n’existent pas ou peu dans d’autres secteurs d’activités comme les métiers de l’action culturelle (médiation, développement des publics…), les filières de production (spectacles, expositions, cinéma, musique…) et les fonctions techniques, sous contrat intermittent, propres au spectacle vivant et à l’audiovisuel (son, lumière, décor…)

La culture, c'est aussi un secteur historiquement très fermé et “élitiste” perçu comme réservé aux catégories socio-professionnelles supérieures. C'est de moins en moins vrai aujourd'hui, mais il faut encore casser les codes et tordre le cou aux idées reçues.


En revanche le marché de l’emploi culturel est beaucoup moins transparent que dans d’autres secteurs d’activité : prédominance du réseau professionnel à tous les niveaux de recrutement, concours de la fonction publique, majorité d’offres non publiées car manque de professionnalisation des entreprises d’un point de vue RH, omniprésence du bénévolat… Il y a encore beaucoup de métiers peu valorisés dans l’opinion publique car ils sont perçus comme peu rémunérateurs, sans possibilités d’évolution et réservés aux “artistes”.

Et pourtant, l'emploi dans la culture, ce n'est pas que le gardien de musée, le conservateur expert en histoire de l'art, le comédien et la dame de la bibliothèque. C'est une multitude de métiers sans qui nous ne pourrions pas aller au concert, voir un spectacle ou admirer une exposition dans un musée !


Travailler dans la culture


Merci à Chloé et Alix d'avoir accepté de répondre à nos questions.

C'est au cours d'une discussion entre Mon cher Watson et Omnia Culture que nous avons eu l'idée de valoriser les métiers "cachés" de la culture. On vous donne donc rendez-vous en octobre 2021 pour la première enquête de Watson au cœur des métiers de la culture !


 
Logo Omnia Culture

Pour suivre les conseils d'Omnia Culture :


 
théâtre - La Marge Heureuse

Lire d'autres enquêtes sur le thème "entrepreneuriat culturel"

Lire l'enquête précédente : "Quand la création artistique rencontre la recherche universitaire"


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