Aurélie R.
Art et médiation scientifique au Musée océanographique de Monaco
Il est en Principauté de Monaco un musée surplombant la mer, qui créé des ponts entre l'Art et la Science pour sensibiliser à la protection des écosystèmes marins et assurer une large diffusion de l'information auprès du public et des relais d'opinion.
Le Musée océanographique, dans sa complémentarité avec l'Aquarium et les activités de l'Institut, œuvre avec talent à lier culture et nature pour une même ambition : faire « connaitre, aimer, protéger les océans ».
Le 22 novembre 2016, le Prince Albert II de Monaco, Président d’Honneur de l’Institut océanographique, remettait les Grandes Médailles Albert Ier à deux personnalités reconnues pour leurs actions et leur engagement en faveur des océans : l’écrivain Erik Orsenna, pour la section Médiation, et le chercheur en halieutique Daniel Pauly, pour la section Science.
Science et Médiation, il n'en fallait pas plus pour donner à Mon cher Watson l'envie de s'attarder un peu en compagnie de Pauline Hérouan, Manager du service communication de l’Institut océanographique, Fondation Albert Ier, Prince de Monaco.
- Bonjour Pauline, pouvez-vous nous présenter votre parcours et votre rôle au sein de l’Institut océanographique, Fondation Albert Ier, Prince de Monaco ?
Diplôme universitaire en communication et marketing en poche, j’ai mis mon casque et mes chaussures de sécurité pour un tout premier poste dans le secteur des travaux d’accès difficiles chez Heaven Climber. Je me suis accrochée à la branche, puis j’ai sauté du privé au public pour une aventure en politique. Attachée de presse de l’Agglomération Nice Côte d’Azur en 2005, le tramway m’a déposée quelques stations plus loin en 2008, en gare de Nice-Ville, pour deux années à grande vitesse, manager du service de presse.

En 2010, les sirènes de Monaco et son Musée océanographique m’ont envoutée. Rattachée à la Direction du Développement, j’y manage le service communication, une mission tout à fait riche où viennent se mêler projets d’expositions entre art et science, éditions de livres, rencontres-débats sur des sujets d’actualité… l’équipe dédiée à la communication travaille de manière transversale avec tous les services de l’Institut, et s’occupe tout à la fois de l’image de l’Institut océanographique, Fondation « porte-parole des océans », du Musée (650.000 visiteurs/an) ou encore de la Maison des océans à Paris (congrès/événements).
Le fil conducteur de mon parcours, ce sont les mots. Petits, grands ou gros. J’aime conjuguer les répertoires pour faire passer des messages et partager des émotions. La cause des océans est là pour moi une matière unique, qui relie l’Humanité toute entière.
- Quelles sont les missions de l’Institut océanographique ?
L’Institut océanographique, Fondation Albert Ier, Prince de Monaco a été créé il y a maintenant plus de 100 ans, avec pour but dès son origine de faire connaître, aimer et protéger les océans. Ses programmes de sensibilisation sont orchestrés autour de grandes thématiques, on peut citer par exemple ses travaux sur la Méditerranée, les grands fonds marins, les requins, les méduses ou bien encore sur les tortues.
En 2016, cette vocation est toujours aussi vive ; et j’ai envie de dire que sa raison d’être s’est encore renforcée avec la dégradation de la santé de nos océans. Les défendre est aujourd’hui vital pour l’avenir de l’Homme.
La bonne nouvelle, c’est que la prise de conscience au niveau politique (COP21/COP22) comme au niveau citoyen – on voit l’accueil qu’a reçu le film DEMAIN - n’a jamais été aussi grande et que l’Institut, qui veut animer cet espace entre la communauté scientifique et le grand public, contribue à cette énergie incroyable pour aller vers de nouvelles pratiques plus respectueuses du milieu marin et de l’environnement.
- Le musée propose de nombreuses expositions - permanentes ou temporaires - valorisant le monde marin : comment créent-elles des liens entre l’art et la science ?
Posé au-dessus de l’eau, il faut imaginer que le Musée océanographique de Monaco a été construit dès son origine comme un Palais entièrement dédié à l'Art et à la Science. Absolument tout dans son architecture évoque le monde marin... écume, poissons, vagues, algues, crustacés, coquillages, pieuvres, proue de navire, cordages, etc.
20 noms de navires océanographiques de la 2ème moitié du XIXème siècle sont gravés sur sa façade supérieure. Le Prince Albert Ier les a choisis car il voulait rendre hommage aux grandes expéditions (le Challenger, le Vitiaz entre autres), montrer son intérêt pour les explorations polaires (le Belgica, le Fram) et enfin marquer sa fidélité envers ses amis et collaborateurs (Amelia pour les liens avec le roi Carlos du Portugal, le Talisman rappelle les liens avec Alphonse Milne-Edwards, médecin et zoologiste français).

"Le Musée est monumental (sa façade mesure 100m de long) et il a la particularité de présenter à la fois des aquariums et des collections historiques et naturelles." Pauline Hérouan.
Ce lieu a une atmosphère particulière et sa vocation toute maritime a inspiré les collaborations artistiques de niveau international et expositions invitées de Damien Hirst (2010), Huang Yong Ping (2010), Mark Dion (2011), Marc Quinn (2012). Sans compter les créations du collectif d’artistes chinois qui a présenté « On Sharks & Humanity » (2014/2015) avec Parkview Arts Action, dans le cadre d’une exposition sur les requins, et les hommes bien sûr ! Ou plus récemment l’exposition Taba Naba (2016), sur l’art aborigène et océanien.
- L’éducation à l’environnement et à la protection du monde marin passe par de ne nombreuses activités pédagogiques, ludiques ou immersives : pouvez-vous citer quelques dispositifs de médiation marquants ?
Sous le pilotage de Robert Calcagno, Directeur général de l’Institut, nous tentons chaque jour de transmettre la passion de la mer, de donner des clefs pour comprendre que la menace sur les océans et la biodiversité est aussi une menace pour l’homme.
Lorsque nous réfléchissons à la manière de sensibiliser le plus grand nombre à la beauté et la fragilité des océans, nous nous appuyons sur des connaissances scientifiques et des innovations technologiques. En 2013 par exemple, Monaco était le premier site sous-marin européen à être dévoilé grâce au partenariat établi entre Google et le Catlin Seaview Survey, une forme de « street » view des fonds marins accessibles désormais au public grâce au Google Liquid Galaxy.
L’exposition « Requin, au-delà du malentendu » qui a été pensée comme une exposition sensorielle, bénéficiait également d’un aquarium imaginaire, une fresque digitale géante où l’on pouvait voir s’animer différentes espèces de requins sur 20m de long en agissant sur un tapis interactif.

Depuis l’été 2016, le Musée propose également une nouvelle animation « IMMERSEAVE 360° » et invite le visiteur à participer aux explorations de l’Institut grâce à la réalité virtuelle.
Au programme : balisage et remise à l’eau d’une tortue, visite d’une île aux oiseaux et plongée avec les requins. Le tout grâce à un film réalisé par Seaview 360, casque immersif en partenariat technologique avec SubOceana.
- Quelles stratégies de communication mettez-vous en place pour promouvoir la culture scientifique et protection de la biodiversité ?
Si l’on doit résumer le métier de l’Institut, on parle d’un rôle de « médiateur » au service des océans. C’est à dire que nous allons faciliter la circulation de l’information pour influencer un changement de comportement.
Pour prendre la parole auprès de nos publics, qu’il s’agisse des jeunes générations ou des décideurs politiques, nous utilisons naturellement tous les outils qui sont à notre disposition : print, web, community management, partenariats, événementiels, relations avec la presse… La digitalisation de nos activités promet encore de beaux challenges !
S’il y a un point qui nous tient à cœur, c’est de nous inscrire dans la vie de la Principauté de Monaco et de travailler en collaboration avec les acteurs économiques et institutionnels monégasques : le Palais Princier, le Gouvernement Princier, la Fondation Prince Albert II de Monaco, la Fondation Princesse Charlène, le Yacht Club de Monaco, la Direction du Tourisme et des Congrès notamment, pour créer un réseau de synergies favorables pour faire connaître, aimer et protéger les océans.
Merci Pauline pour cette découverte passionnante de l'Institut et du Musée océanographique de Monaco !
Et un grand merci également à Laetitia Faure pour la mise en relation.
Nous invitons chaleureusement nos lecteurs à découvrir ce "Temple de la Mer" et sa programmation rythmée par de nombreuses animations et temps forts.
Toutes les infos : www.oceano.org
Prochaine exposition temporaire :
A compter du Printemps 2017, l’artiste contemporain Philippe Pasqua s'exprimera à travers l'exposition "Borderline".
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